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Libération
Critique

Enquête d'insectes

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publié le 23 décembre 2000 à 8h28

Les membres du club, malheureusement un peu trop fermé, célébrant depuis des années l'univers littéraire de William Kotzwinkle retrouveront avec plaisir l'illustrateur Joe Servello qui enlumina de façon magique, en 1977, l'édition originale de Fata Morgana. Les deux complices se sont donné cette fois pour mission de créer, en double hommage à l'entomologiste Jean-Henri Fabre et aux pionniers du roman d'énigme anglais, une malicieuse série d'enquêtes animalières. Les héros des cinq contes rassemblés sous le titre Du grabuge chez les insectes sont l'inspecteur La Mante et son inséparable ami le docteur Grillon. Ils évoluent dans un décor où résonnent harmonieusement les échos assourdis du Londres de Sherlock Holmes, car c'est bien sûr à l'immortelle saga fondatrice du genre policier que fait référence l'activité de La Mante et Grillon. Toutefois, la mythologie du récit d'aventures américain de la fin du XIXe siècle n'est pas absente du contenu référentiel. On retrouve sans cesse, au coeur de la cité fiévreuse et sombre où évoluent le détective et son Watson, les symboles et les gimmicks d'une forme de fiction qui est à Kotzwinkle ce que les artifices de l'épouvante traditionnelle sont à Tim Burton. L'appartement des deux amis, rue Picpus, embaume d'une odeur de pop-corn peu victorienne. Cette pratique du boulimique docteur Grillon est d'ailleurs fustigée par l'ascète inspecteur La Mante qui, comme son illustre modèle, préfère traîner, les antennes au vent, par les rues de la c