Dans la série des héros peu recommandables, le Roi singe est sans conteste en tête de peloton, loin devant notre Ulysse adoré qui, il faut le reconnaître, fait plutôt figure de jeune premier bien gaulé à côté du sulfureux macaque asiatique. Moins rémunératrice que sa brillante carrière de marchand de nouilles et d'automobiles en Chine, mais plus respectueuse de sa superbe propension naturelle à la subversion, le facétieux singe blanc commence une nouvelle vie d'amuseur public à Issy-les-Moulineaux, dans le magnifique castelet en bois de camphrier de Jean-Luc Penso. Formé à Taiwan dans les années soixante-dix auprès de monsieur Li Tien-Lu celui que le cinéaste taïwanais Hou Hsiao-Hsien allait hisser quelques années plus tard au noble rang de Maître de marionnettes , le disciple français manipule sa collection de minipoupées en kimonos avec une incroyable délicatesse. Second épisode d'un gigantesque roman épique, Le Roi singe et l'Empereur de Jade, actuellement présenté au théâtre du Petit-Miroir, raconte les démêlés du singe blanc avec l'empereur de l'Empire Céleste, les Immortels, le sage Lao Tseu et pour finir, Bouddha sur lequel l'insolent petit animal, trompé par ses sens, n'hésite pas à pisser. Entre les bagarres, ça gouaille sec! Car pour le plaisir des petits, mais surtout des grands, l'adaptation des dialogues originaux retranscrit à merveille l'humour populaire chinois.
Issy-les-Moulineaux (92). Théâtre du Petit-Miroir, 74, rue du Gouverneur-Eboué. M° Mairie-d'Issy