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Libération

Le cybersexe

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publié le 5 janvier 2001 à 21h32

Parfois je me dis : Mamie, tu fais partie d'une génération qui n'a pas eu de chance. Si tu prends un exemple concret comme le cybersexe, tu mesures les progrès que l'humanité a faits depuis la fin de la guerre. Jadis, il fallait que tu te tapes dix kilomètres à pied pour aller au bal rencontrer le fils du voisin. Si vous vouliez vous faire du bien, il vous fallait négocier des heures à la buvette parmi les pochetrons, puis trouver du foin ou une porte cochère. Tout cela pour employer des tas de méthodes frustrantes telle la déconnexion soudaine pendant l'envoi de données afin de ne pas te retrouver avec le disque dur encombré. Aujourd'hui, grâce au Net, c'est beaucoup moins fastidieux. Un courriel un peu chaud, deux, trois vannes sur un forum de discussions ou un baratin bien troussé sur du dialogue en direct, et ton mec tu te le transfères illico sur un canal de visiophonie.

Emballé, c'est pesé! Supprimer les intermédiaires, c'est le grand bouleversement apporté par les réseaux : là tu t'épargnes au minimum un restau, la rose vendue par le Pakistanais de service et la recherche d'un hôtel glauque. Avec la visiophonie, le type ne te montre que ce que tu lui demanderas à voir en pianotant sur ton clavier. Il promène sa petite caméra sur lui et toi tu fais pareil de ton côté. Tu auras même pas à exiger de voir sa tête, ce qui est un autre avantage, car le visage n'est pas souvent en accord avec le plus intéressant. Les rapports humains sont facilités.

C'est plus convivial et on