Si le talent était récompensé à sa juste valeur, c'est Roberto Alagna qui caracolerait en tête des hit-parades et pas le médiocre Andrea Bocelli. A défaut de vendre autant de disques que ce dernier, le ténor français triomphe, lui, sur les vraies scènes lyriques de la planète, où on ne peut tricher ni avec le micro ni avec l'expression. Ses parents rêvaient pour lui d'un métier «propre», mais, dès 15 ans, ce fils de maçon sicilien, né en 1963 dans la banlieue parisienne, choisit de gagner sa vie sur les planches des pizzerias, chantant «en juif, en arabe et en japonais», imitant Elvis, jusqu'à ce que le Grand Caruso, film avec Mario Lanza, lui donne l'idée d'apprendre Tosca. Grâce à Gabriel Dussurget, le paria refusé des conservatoires finira par replacer la France sur la carte lyrique mondiale et, après des débuts spectaculaires à Glyndebourne et une prestation légendaire en finale du concours Pavarotti à Philadelphie, incarnera le plus beau des Alfredo et des Manrico au Met ou devant les 9 000 spectateurs d'Orange, aux côtés de son épouse, la soprano roumaine Angela Gheorgiou. Erreur de management? Le flambeur au grand coeur ne chante jamais à l'Opéra de Paris, et son dernier récital à Pleyel remonte à au moins deux ans, alors que sa Bohème, enregistrée pour Decca sous la baguette de Riccardo Chailly et avec Angela Gheorgiou, s'est imposée comme le plus bel enregistrement de l'opéra de Puccini de ces dernières années. 2001 s'annonce néanmoins faste pour la voix d'or, qui,
Critique
La voix de gala d'Alagna
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par Eric Dahan
publié le 8 janvier 2001 à 21h36
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