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Libération
Critique

Retour rageur à Koltès

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publié le 8 janvier 2001 à 21h36
(mis à jour le 8 janvier 2001 à 21h36)

C'est avec le Retour au désert, de Bernard-Marie Koltès, que Thierry de Peretti a découvert le théâtre contemporain, il y a un peu plus de dix ans. Et c'est avec cette même pièce, qu'il a mise en scène aux Rencontres théâtrales de Haute-Corse en 1999, que l'on découvre aujourd'hui l'intelligence de son travail ­ tout jeune arrivant sur les planches qu'il est. Ce texte d'ailleurs tient une place singulière dans l'oeuvre de Koltès. Déjà très malade, le dramaturge se retourne sur le passé pour le dynamiter. Dans un sursaut rageur contre le confort assoupi de la bourgeoisie de province, l'enfermement de la famille, le sentiment national, qui l'ont conduit à fuir, à peine majeur, sa ville natale de Metz. Mieux, il lance un pavé dans la mare du théâtre public en destinant le rôle principal à Jacqueline Maillan, grande dame de la scène privée, à qui il demande de ne surtout rien changer à son ton «boulevard». «Je vais écrire un monologue dans lequel elle dira que la France n'est pas sa patrie et qu'elle ne sait pas où est sa patrie.» En retour, la Maillan lui livrera quelques astuces pour faire rire le public... Malgré le sujet tragique de ce texte, où une soeur et un frère se déchirent sur fond de guerre d'Algérie, le jeune metteur en scène s'est souvenu que Koltès voulait que le comique prédomine dans sa pièce, dont la fin tient réellement du vaudeville. Et ce n'est pas le seul mérite de Thierry de Peretti, qui a su dégager différents niveaux d'écoute, grâce aussi à l'engagement