La voix de cristal s'élève dans la stratosphère: «Yitgadal, veyitkadach cheme rabba», et le Philharmonique de Cologne, dirigé par James Conlon, déploie les sortilèges ravéliens captés par une prise de son bigger than life. Ah! le bonheur que ce Prayers de Sumi Jo qui vient de paraître chez Erato. Il n'est plus question de prouesses bel-cantistes, de perfection des notes admirablement piquées dans ce nouveau CD, mais du ciel de Corée au printemps, du vent dans les cerisiers en fleurs, d'une idée de Dieu qui se confond avec l'épiphanie de la nature. Béni soit le directeur artistique qui a veillé à cet enregistrement glissant de l'Ave Maria de Caccini, au Pie Jesu de Fauré, tout en esquissant les contours immatériels du Breit über mein Haupt de Richard Strauss...
Née à Séoul mais formée au piano et au chant à l'académie Sainte-Cécile à Rome, Sumi Jo a été découverte par Karajan, qui l'a aussitôt engagée pour chanter le rôle d'Oscar dans Un bal masqué de Verdi. Début des années 90, elle triomphait sur les plus grandes scènes de la planète de la Scala au Met, en passant par le Covent Garden et l'Opéra de Vienne et feu sir Georg Solti, qui aimait autant les grandes voix que les très belles femmes, en faisait sa Reine de la nuit à Salzbourg. Maazel, Mehta et Chailly succombaient peu après à sa grâce, lui offrant des concerts retransmis en mondovision, tandis que Paris la découvrait en Olympia dans les Contes d'Hoffmann à Bastille. Mozartienne, rossinienne, passant avec la même é