Grégory Chatonsky, oeil vif et cheveu ras, n'a plus l'âge (28 ans) de croire aux fantômes, «mais je crois à la hantise, à ces choses qui nous obsèdent et nous structurent». Revenances, oeuvre en réseau qu'il a réalisée avec Reynald Drouhin pour la Biennale d'art de Montréal en octobre, raconte l'histoire d'un homme qui rejoint le monde des morts. Plongé dans les ténèbres, l'internaute distingue l'ossature d'une pièce: de simples lignes blanches délimitent les murs, les fenêtres, la porte, le lit, la chaise. Quand il passe au travers apparaissent les silhouettes diaphanes d'une femme qui se caresse le dos ou d'un homme fumant une cigarette. Les vidéos sont filmées en infrarouge dans l'obscurité la plus totale. «Les personnages se touchent sans se voir et sur le Web, explique l'auteur, on les voit sans pouvoir les toucher, comme si chacun était dans un monde distinct.» Le murmure d'une femme brise le silence, elle chuchote une histoire étrange, fragmentaire, quelque chose qui ressemble à une histoire d'amour. Son fantôme déchire quelquefois l'obscurité puis s'évanouit. «Les paradoxes du fantôme qu'explore Jacques Derrida dans Spectres de Marx et dont s'inspire Revenances, poursuit-il, sont proches de ceux de l'Internet et de la réalité virtuelle: l'image à la fois présente et absente, le contact et la distance. Les objets à portée de main... à perte de vue.» Pour entrer en contact avec les objets, inutile de cliquer frénétiquement, toute la navigation se fait en glissant douc
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