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Libération

Moment magique

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publié le 15 janvier 2001 à 21h49

Paris ressemblait à un iceberg s'éloignant impitoyablement des rivages songeurs de l'Amanpuri, mais les collections n'étaient plus que dans une semaine. A l'abri de la fashion police, on se plongeait dans la lecture des Cours Philosophiques pour âmes sentimentales de J.M.R Lenz. «Le grand défaut de notre époque tient à ceci qu'on ne peut plus y rencontrer ni courage, ni espoir, ni foi», écrivait-il déjà à Bâle en 1780...

Paul Steinitz, dont on avait rejoint l'appartement passé minuit, répétait toutes les dix minutes qu'il ne se passe plus rien à New York, et que Paris n'est «pas organisé». Il revenait justement de Manhattan, et racontait le lancement de son magazine Aman, le vernissage de Patrick Mc Mullan chez Tony Shafrazi avec Iman, ses soirées avec Monique Van Vooren, Grace Jones et son boyfriend turc Attila fumant des pétards au bord de piscines intérieures plongées dans l'obscurité, et un photographe réputé pour se soulager dans les voitures et piquer les mannequins avec des aiguilles.

Ebyan avait surtout retenu le dîner avec Bill Clinton, et libérait ses seins magnifiques d'une soierie imprimée fauve, tout en montrant fièrement l'immense sapin de Noël ornant ce salon «d'un juif et d'une musulmane». Marc Lamour, après un boulanger, avait désormais rendez-vous avec un électricien. «Je ne peux plus sortir avec un boucher à cause de l'odeur du sang, qui m'évoque une chatte arrachée gisant sur le trottoir», expliquait-il à quelques convives surpris. La valse des retours s'em