En pleine guerre d'Algérie, Jean Genet aimait faire péter ses personnages au nez des officiers de l'armée française à l'agonie dans le djebel. Ecrite en 1961, mise en scène cinq ans plus tard par Roger Blin à l'Odéon, les Paravents fit évidemment scandale, provoqua des cohortes de débats à l'assemblée, des défilés de paras et d'anciens combattants outrés par ce crachat sur le drapeau tricolore. A Nanterre, en 1983, Patrice Chéreau avait donné sa vision de l'affaire, dans une salle transformée en cinéma, aux gradins régulièrement investis par des soldats en armes. Bernard Bloch, qui prépare son entreprise depuis trois ans n'avait pas prévu que le retour de flamme sur la torture en Algérie viendrait donner une force supplémentaire au propos de Genet. Pour faire entrer toute la smala dans la petite salle des Amandiers, le comédien metteur en scène a sérieusement réduit la voilure, faisant passer de 30 à 15 la masse des protagonistes. Un carreau de zinc rouillé entouré d'un chemin de gravillons sert d'arène à cette galerie de monstres, Saïd, traître à tous les étages, Leïla, sa et la femme la plus laide du monde, sa mère (l'immense, trop immense Christine Fersen), experte en invectives, et une sarabande de fellahs, de colons et de troufions. Pour rendre plus lisible une intrigue luxuriante, qui marie lyrisme et obscénité, Bernard Bloch s'est livré à une explication de texte en ajoutant un narrateur, un «Sergent Genet» ici incarné par Pascal Bongart. Une idée louable, mais qui ob
Critique
«Paravents» dans l'air
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par Alain DREYFUS
publié le 20 janvier 2001 à 22h04
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