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Libération
Critique

Hommage à l'âme de Terezin

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publié le 24 janvier 2001 à 22h08

Des deux ou trois années de sursis qui séparèrent l'arrivée de milliers d'enfants et d'adolescents au camp de Terezin en Bohême-Moravie et la dernière vague de convois vers Auschwitz, à l'automne 1944, qui emporta la majorité d'entre eux et de leurs éducateurs, il ne reste pratiquement rien. Quelques dizaines de dessins, une poignée de journaux et sur les lèvres des rares enfants survivants, un nom: celui de Friedl Dicker-Brandeis. On le sait, la vie culturelle du camp de Terezin, vaste opération de manipulation collective, fut étalée par la propagande nazie comme alibi. Personne n'échappa à cet insoutenable piège, pas même les enfants. Les activités artistiques étant seules autorisées, c'est dans ce contexte que l'artiste Friedl Dicker-Brandeis, ancienne élève du Bauhaus, d'Itten et de Klee, peintre, sculpteur, designer doublé d'un incroyable talent de pédagogue, initia les enfants à la création plastique. L'exposition au musée d'art et d'histoire du judaïsme qui rend hommage à cette personnalité hors du commun réunit ses projets et travaux personnels ainsi que quelques dizaines de dessins d'enfants issus de ses ateliers, retrouvés à Terezin. L'émotion que provoquent ces travaux d'enfants, tout comme la stupéfiante modernité des visions pédagogiques de cette femme font de cette exposition un événement. Vient s'y joindre à la médiathèque du musée, une présentation inédite de journaux réalisés entre 1942 et 1944 par des enfants et des adolescents prisonniers à Terezin. Lucide