Menu
Libération
Critique

L'Iran revisité

Article réservé aux abonnés
publié le 5 février 2001 à 22h37

Pendant que les gardiens de la révolution pourchassent les femmes fardées, Malekeh Nayini bombarde de couleurs les visages de ses tantes sur des vieux clichés. Et revisite sa mémoire familiale en intégrant par ordinateur des éléments de l'imaginaire persan: tissus, calligraphie, animaux, fleurs. Mehri et moi: sur une nappe, dans un jardin exigu, une femme replète habillée à l'occidentale pose avec un enfant. Passée par la machine à remonter le temps de la photographe, la nouvelle image transporte le duo dans la neige sale d'une prairie envahie de pissenlits. Si bien que le «ça a été» du cliché de famille se transforme en une sorte de souvenir collectif que l'on peut s'approprier, comme ces histoires entendues dans l'enfance qui s'immiscent dans nos propres souvenirs. Le travail de Malekeh Nayini est présenté à la Fnac avec celui de trois autres Iraniens. Shadi Ghadirian procède elle aussi à des «détournements de l'intime». Elle saisit ses amies en costumes de la fin du XIXe siècle. Les regards fixent l'objectif, des objets d'aujourd'hui, ghetto blaster, canettes ou aspirateur, introduisent une note subversive. Avec Seifollah Samadian et Abbas, on retombe dans la sombre république des mollahs. Les images du premier baignent néanmoins dans une atmosphère onirique. Quant au second, il traque les signes d'ouverture. Dans un concours de culturistes à moustache. Ou sur les hauteurs de Téhéran, repaire des jeunes. Un monde à décrypter comme l'indiquerait une photo du cinéaste Kiaro