Le jeu vidéo a une histoire et même une paléohistoire. Ses origines coïncident avec la fondation de grandes mythologies toujours increvables: le légendaire Pong, le matriciel Space Invaders ou l'originel Pac-Man. Ces titres sont à la culture du jeu vidéo ce que les films de Meliès ou Griffith furent au cinéma: ils en ont inventé la grammaire et défini les canons, pour certains toujours valables aujourd'hui, en même temps qu'ils lançaient le signal d'un phénomène de fascination global et ravageur.
Née dans les bas-fonds de l'arcade, la saga Pac-Man repose sur un principe si basique, si puissant et si addictif qu'elle n'a pratiquement pas eu besoin d'évoluer pour continuer à produire aujourd'hui encore les mêmes effets, comme le confirme le lancement ce mois-ci de Ms. Pac-Man Maze Madness, actualisation réussie du vieux hit binaire, relifté 3D et transposé dans des décors aux couleurs et lumières souvent éblouissantes.
Improbable croisement d'un jaune d'oeuf et d'un Smarties, Pac-Man est un enzyme glouton que sa boulimie pathologique fait dévorer par milliers les pépites scintillantes semées sur son passage. C'est simple et même plutôt bestial, mais ce n'est pas facile pour autant: certains niveaux du jeu recèlent des passages secrets obstinément têtus et un mode de jeu «contre la montre» réserve des vacheries d'une difficulté exténuante.
La «Miss» du titre n'a rien d'une Lara Croft. L'expression de sa féminité se résume à un noeud rouge, non pas dans les cheveux (ignorés de la f