Vu d'ici, il ne se passe plus grand-chose à Detroit. Entre ceux qui ne sortent plus de disques ou alors médiocres, ceux qui se sont grillés à force de jouer «Razzia sur les Brouzoufs» dans toute l'Europe et les déclassés pour conduite erratique (Moodyman), il y a peu à se mettre sous la dent. Technocity vit sur sa légende. La société secrète UR n'en finit plus de remixer son fabuleux Jaguar, Plastikman passe sa vie en club et si Jeff Mills produit toujours des disques audacieux, il reste avant tout considéré comme un DJ. Il y a bien quelques producteurs mésestimés (Neil Ollivierra...), mais ils peinent à exister. La plus grande surprise, c'est le succès qu'a obtenu l'an dernier le Detroit Electronic Music Festival dans une ville qui semble toujours ignorer qu'elle a inventé la techno. Dans ce contexte, Carl Craig reste éminemment respecté. Discret depuis sa tentative un peu trop ambitieuse pour régénérer la musique noire avec son Innerzone Orchestra, il semble qu'il se soit consacré à Planet E. Son label existe maintenant depuis plus de dix ans et hésite toujours entre l'underground d'un Transmat et la démarche plus commerciale (sans que cela soit péjoratif) d'un Warp. Etre musicien et gérer en même temps un label n'a jamais été facile. Le deuxième volume de cette Geology est en tout cas une belle démonstration du potentiel maison. On y trouve quelques classiques exhumés des archives, tel le somptueux mix d'At Les par Russ Gabriel, ou des perles méconnues, comme Steam de Pap
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