Hammamet envoyée spéciale

Ici, tout le monde est gai. Il fait doux, les palmiers poussent derrière les moucharabiehs bleu turquoise du balcon de la chambre, et la mer est là. Les hirondelles déjà arrivées de leur voyage rasent l'eau de la piscine et filent dans les nuages. Il ne fait pas si beau que ça. Pas grave. On ne peut pas être vraiment de mauvaise humeur ni exigeant lorsqu'on n'a dépensé pour huit jours au soleil en demi-pension au départ de Paris que 1 540 F (234,7 euros), plus 600 F (91,4 euros) si l'on veut être seul dans sa chambre (1). La chambre ? Pas de savon, pas de shampoing, le lavabo de la salle de bains fuit, le téléphone ne sert qu'à joindre l'accueil. Mais il y a le murmure des vagues au loin et les éclats de rire dans le jardin.

On a oublié l'aéroport de Roissy, où le matin même, dans la nuit glacée de la grande banlieue parisienne, on a été abandonné au T9. Dans ce terminal des charters, pas de chariots, pas de porteurs, pas de panneaux, pas de voix chaudes dans les haut-parleurs. Rien, personne. «Prenez le tunnel», a dit sèchement le chauffeur d'un car en larguant tout le monde à l'entrée du bidonville de la navigation aérienne. Il est 7 h 25 dans le hall blafard. Un petit bar et un kiosque à journaux flottent sur le linoléum vert. Mais le billet commandé par fax est bien là, et l'avion affrété par la compagnie des charters tunisienne part à 9 h 25 comme prévu. (Ne rien attendre des rayons du duty free, où même l'alcool a l'air périmé.) Le vol Paris-Mon