Dommage que cicérone n'ait pas de féminin. Il irait si bien à Nicole Aimée-Meyer et Amanda Pilar-Smith, deux Anglo-Saxonnes en goguette qui ont couru les soixante-deux marchés de la capitale. Appareil photo en bandoulière, elles se sont ménagées de précieuses haltes sous les halles et éventaires colorés. Une année à musarder. Un an pour un livre unique, un ouvrage complet avec le calendriers des marchés (notés de une à cinq étoiles), leurs adresses, mais aussi des portraits de commerçants et producteurs qui livrent quelques-unes de leurs meilleures recettes (le soufflé aux fleurs de courgettes, le lapin au Calvados ou les artichauts à l'anchoïade) et, bien utile, les bonnes cuvées des bistrotiers. Bien qu'elles préfèrent Daumesnil, les auteurs consacrent de très bons chapitres au marché d'Aligre, mentionné pour la première fois dans les textes en 1643 lorsque huit bouchers s'installèrent sous une petite structure couverte devant l'abbaye de Saint-Antoine-des-Champs. Mais ce sont les maraîchers et les marchands de foin qui contribuèrent à sa prospérité croissante, bien avant l'époque des chiffonniers. Bataillon armé de longues perches sur lesquelles ils récoltaient les détritus jusqu'à la nomination du préfet Poubelle, en 1884. On baguenaude à l'ombre du marché Auguste-Blanqui, sous les hauts marronniers qui transforment cette langue de bitume en chemin de campagne. Sentier embaumé par le Salers et les Rocamadours de Maurice Carpentier, fromager à l'angle de la rue du Moulin-
Critique
Paris dans tous ses étals
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par François AUBEL
publié le 12 février 2001 à 22h51
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