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Libération
Critique

Du grand Bourgeois

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Exposition de l'artiste américaine.
publié le 20 février 2001 à 23h02
(mis à jour le 20 février 2001 à 23h02)

Le plus adorable, dans l'exposition de Louise Bourgeois, la plus indigne des vieilles dames (89 ans), est sans doute la signature qu'elle appose sur ses graphies croquignolettes et plutôt érotiques, dessinées sur des tissus ajourés qui ont peut-être appartenu au trousseau de l'artiste; ce trousseau qu'elle emporta lorsqu'elle émigra de France aux Etats-Unis, en compagnie de son époux Robert Goldwater, avant la Seconde Guerre mondiale. LB, les deux initiales de l'artiste, sont en effet brodées en rouge sur le tissu, de sorte que cette signature fait le lien entre le passé (la serviette, le mouchoir, le papier du Bon Marché) et le présent (leur utilisation comme support artistique). La beauté de Louise Bourgeois se situe dans cet art de «conversion» (comme on parle, dans le langage psychiatrique, d'une «hystérie de conversion»). Un art de conversion ou de conversation, constitué de ces allers-retours permanents que l'artiste opère entre ses souvenirs parisiens, son roman familial et son activité new-yorkaise, mise en oeuvre dans le dessin ou dans la sculpture. A la galerie Karsten Greve, Louise Bourgeois propose un éventail quasi complet de ces activités, mélangeant les formes et surtout les échelles. Sont présentées aussi bien une vaste «cage» oblitérée de tissus et tapisseries mais renfermant également une araignée de bronze et un minuscule fauteuil (entre autres) qu'une petite figure femelle rose flottant, couchée, entre deux airs. Alternent aussi bien des dessins, presque