Comme annoncé sur les colonnes Morris parisiennes depuis des semaines, c'est ce soir qu'a lieu la création mondiale de K..., le nouvel opéra après 60e Parallèle au Châtelet commandé par l'Opéra-Bastille à Philippe Manoury, compositeur, professeur de composition et d'informatique musicale, et directeur de l'Académie européenne de musique du Festival d'Aix depuis deux ans. A la mise en scène, André Engel dont on a loué dans ces colonnes la Lady Macbeth de Mtsensk à Bastille, le Don Giovanni à Bordeaux et la Petite Renarde rusée à Lyon. Avec Bernard Pautrat, le dramaturge de sa période strasbourgeoise (entre 1975 et 1981), Engel a écrit un livret concentrant en douze stations et une heure quarante, les actions des douze chapitres du Procès de Kafka, le soliloque mental du personnage étant assumé par la musique de Manoury. Interrogé pendant les dernières répétitions, Engel décrit K... comme une «machine de désir, machine pornographique, comme dirait Deleuze, machine théâtrale». D'abord, parce que si la musique est spatialisée autour du public et transformée en temps réel par la technique Ircam, la scène loin des extravagances multimédia à la mode est bien celle du théâtre bourgeois avec ses immeubles années 20 signés Nicky Riety et éclairés par le maître André Diot. Ensuite, parce que le personnage autour duquel se referme l'obscène machine du pouvoir aime les femmes. Manoury, dont les textures bergiennes et straussiennes de 60e Parallèle restent la dernière signature ly
Critique
Les rumeurs de la machine
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par Eric Dahan
publié le 7 mars 2001 à 23h54
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