Les filles ont des robes rose acidulé, les garçons des boucs d'acné et des visages tatoués sur le torse. C'est sur la pelouse de Longchamp, lors des Solidays (journées de concerts contre le sida). Martin Parr, qui expose avec huit autres photographes à Pontault-Combault autour du thème de la jeunesse (une commande publique), est ici un peu moins grinçant, décalé, too much, que dans ses travaux sur les touristes ou les Anglais. Mais ses personnages, pris sous le nez, pourraient tout autant bondir hors de l'image pour crier: «Tu veux ma photo?» Eh bien, oui, on veut cette photo, puisque, avec le photographe britannique Martin Parr, ça nous regarde: les gens, la pelouse râpée, ce qu'il y a dans l'assiette du voisin. Des photos de famille, quoi! «Qu'est-ce qu'être jeune?» A la question que l'on ne se pose vraiment que lorsqu'on ne l'est plus, les autres photographes (hormis Gilles Coulon et ses samedis soir qui se délitent dans des lumières mordorées) répondent plus sagement, en s'attachant à des catégories. Les jeunes agriculteurs pour Bertrand Desprez, les jeunes nonnes en compétition pour devenir saintes chez Hélène Bamberger, les jeunes boxeuses (Jane Evelyn Atwood), les apprentis jockeys (Benoît Gysembergh), etc. Tous à l'oeuvre pour prendre le relais des générations précédentes. Quant à Marie-Paule Nègre, elle s'est glissée dans les fêtes de la jeunesse dorée et les bals de débutantes. Les héritières ont le membre gracile, lissent le taffetas de soie sur leurs hanches,
Critique
«Tu veux ma photo ?»
Article réservé aux abonnés
publié le 7 mars 2001 à 23h54
Dans la même rubrique