La regrettée Reinette l'Oranaise, voix rocailleuse de l'art arabo-andalou, avait deux pianistes attitrés, le rigoureux Algérois Mustapha Skandrani et l'inventif Oranais Maurice el-Medioni. Il faut dire que Maurice est venu tard à la musique andalouse malgré un oncle paternel célèbre en la matière, Messaoud el-Medioni, dit Saoud l'Oranais, déporté et gazé à Sobibor à la fin de la guerre. Maurice, lui, c'est la jeunesse algérienne et nord-africaine, toutes confessions confondues, qui rencontre en direct jazz, fox-trot, boogie-woogie et envolées latino-américaines amenés par les GI américains et portoricains débarquant en novembre 1942 à Oran et à Casablanca. Maurice avait 14 ans, mais, dès ses 9 ans, il jouait sur un piano bringuebalant acheté par son frère aîné aux puces et épatait l'assistance dans les fêtes familiales par ses reprises de Rina Ketty, Maurice Chevalier, Charles Trenet, Luis Mariano ou Tino Rossi. En 1946, les Américains laissent une jeunesse indigène la tête pleine de rythmes endiablés. La nouvelle génération se penche alors sur les musiques de ses différents terroirs avec l'idée de leur filer autant de swing que celui apporté par ces diables d'Américains. A Oran, Maurice el-Medioni, Benamar (futur Amar Wahid), le lascif Hamida Guerbi et Kadouri Bensmir (fils d'un fameux chanteur et auteur de poésie bédouine de la région, Hachemi Bensmir) entreprennent de révolutionner le chant traditionnel de l'Oranie, qu'il s'appelle raï ou, plus précisément, melhoun, poési
Critique
L'effervescent Maurice el-Medioni
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par Bouziane DAOUDI
publié le 10 mars 2001 à 23h59
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