Le camouflage est le meilleur moyen de se faire voir. C'est ce qui explique le succès de ce tissu bariolé chez les créateurs de mode comme dans le monde militaire. Symbole des troupes d'élite, il permet au jeune «biffin» de se faire remarquer quand il patrouille dans le métro parisien ou au général d'état-major de se déguiser en guerrier. Adopté par la communauté gay, populaire chez les militants de Chasse-Pêche-Nature-Tradition, le camouflage devient un signe de reconnaissance et abandonne sa vocation initiale: la discrétion. Cette nouvelle visibilité du camouflage plaît aux militaires: «C'est un rapprochement positif entre nous et l'extérieur», reconnaît le général Raevel, responsable de la communication au ministère de la Défense.
Soucieuse de son image, l'armée a, elle aussi, sa mode. A la fin des années 80, elle décide de changer de look. Le treillis «vert Otan» rappelle trop «l'ami Bidasse» et l'armée de papa. Des études sont lancées et un premier projet de camouflage est rejeté: «Trop allemand!» Quand la guerre du Golfe éclate, les soldats français se retrouvent donc en vert au milieu du désert. «Nous étions les martiens, les petits bonshommes verts», se souvient un officier. «Gros émoi à Paris!», raconte un colonel. Un officier propose d'acheter un stock de treillis américains, bien adaptés au désert et se fait jeter. Il bat en retraite et suggère d'acheter du tissu américain avec lequel on ferait des uniformes de coupe française. Nouvel échec. La ligne officielle ne