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Libération
Critique

Hongrie qui rit

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publié le 17 mars 2001 à 0h05

«Quand le chagrin a été distribué/ C'est à moi qu'on en a le plus donné»: émaciée, foulard noir, c'est Mária Maneszes, Hongroise de Transylvanie, qui psalmodie, et son taraf de cinq Tsiganes de Magyar Szovát, qui joue une musique nourrie d'influences sicules, saxonnes, slovaques, juives, arméniennes... Mené par le violon écorché de Ianos Radak, le taraf rythme depuis des lustres les événements du bourg, du baptême aux funérailles en passant par la gaudriole: «A Debrecen on a tambouriné/ De ne plus vendre de carottes/ Car les filles en achètent plein/ Pour se les fourrer entre les cuisses...» Petru Kovaci, second violon, Vintila Ioan Botezan et Ioan Csengheri, violons altos à trois cordes, Csengheri Andrei, contrebasse à cordes de taureau, constituent la formation hongroise type, depuis la généralisation au XVIIIe des cordes, au détriment de la cornemuse ou du chalumeau. Jadis, les villages entretenaient leur orchestre, et les bals florissaient, «depuis 1970, cela a disparu, les jeunes partent, il y a moins de travaux des champs, de fêtes...», explique Ianos Radak. «Sur la terre aride, la fleur se fane», chante Mária Maneszes. Aujourd'hui, s'il reste des mariages, les musiciens doivent jouer trente-deux heures d'affilée; un seul membre du taraf de Magyarszovat a un emploi: fossoyeur.

Maison des cultures. 101, bd Raspail, 75006. Taraf de Magyarszovat, Janos Zerkula, samedi à 20 h 30 et dimanche à 18 h. Tél.: 01 45 44 72 30. CD: «Musiques hongroises de Transylvanie», Inédit/Naïv