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Libération
Critique

Le pays des chimères.

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«Long courrier: la Patagonie, le bout du bout du monde». Voyage, 19 h.
publié le 19 mars 2001 à 0h05

Le Patagon est un type drôlement attachant. A Punta Arenas, il voit voler les chats, les jours de grand vent. A Puerto Eden, il regarde tomber la pluie 325 jours par an sans jamais s'en plaindre. De Puerto Williams, il lui arrive de rallier le Cap Horn en chaloupe et à la rame. Quoiqu'il vive, il semble insubmersible, question de climat peut-être. Pendant trois mois, Stéphane Mercurio a promené sa caméra au bout du bout du monde, en Patagonie, là où le temps semble s'être figé quelque part au siècle dernier, à l'époque où les Indiens peuplaient ce territoire immense. Là où les hommes voient grand comme les paysages qui les entourent, mais ne possèdent rien ou presque. Ils sont chercheurs d'or, ermites, indiens, éleveurs de moutons, pêcheurs. Le cinéaste a partagé leur quotidien. «L'or, dit Jose Luis, le chercheur, oui, oui, je peux en trouver un gramme par jour, enfin pas tous les jours, une fois par mois, une fois tous les deux mois. C'est mieux que d'être exploité dans une usine. Vous êtes socialistes, vous les Français ? Moi aussi.» A des centaines de kilomètres de nulle part, Chacho, descendant des Mapuche, littéralement «ceux à qui la terre appartient», se bat avec une poignée de camarades pour récupérer ses terres. La nuit, il arrache les clôtures. La police le recherche. «La Patagonie est la dernière grande source de chimère», raconte l'écrivain chilien Francisco Coloane, personnage central du documentaire. «Va en Patagonie et tu sentiras qu'aller aussi loin, c'est t'