Marie-Thérèse, serveuse et voisine du P'tit Vélo vient d'apporter, dans un silence naissant, une troublante crème caramel. Un «zigoto» demande : «Vous avez une chambre de libre ?» «La 8», répond un réceptionniste bougon. Dans les six mètres carrés plus un escalier qui leur sont alloués dans ce bar-resto de la rue Clauzel, deux acteurs démultiplient soudain l'espace pour mettre en bouche une courte pièce de Serge Valetti: Réception, un huis clos dans un sinistre hôtel de province. S'engagent immédiatement des rapports étrangement envenimés entre les deux personnages. Serviette pas propre, champagne Mumm, une Dame blanche, une ressemblance, des photocopieuses, la ville de Romans... En «dégusteurs» d'un texte qui joue sur le décalage entre violence et humour, les comédiens, Olivier Lapelerie et Marc Dumontier, croquent avec avidité cette Réception organisée par le metteur en scène Philippe Osmalin. Si l'on s'est aperçu qu'il y avait vite un os dans le petit drame qui s'est joué là, Benoît, un des gérants du resto confie immédiatement qu'il y a un autre os. Il va devoir, avec ses comparses Philippe et Jean-Claude, le cuistot, fermer fin mai, suite à un procès pour tapage nocturne du voisinage. «ça va mal finir aussi ?». Comme dans la pièce? Comme dans beaucoup de cafés à Paris. Une deuxième chute un peu abrupte, alors qu'on s'apprêtait, dans ce bistro sympa, à prolonger les mots de Valetti autour d'un potage maison et d'un pichet de vin. «Mais le théâtre, ça ne fait pas de bruit
Critique
Réception réussie
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par Anne-Marie Fèvre
publié le 19 mars 2001 à 0h06
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