Des ombres étirées par un savoureux jeu d'éclairages sur un calque bleuté. Derrière ce rideau translucide, le plus bel oiseau de la chanson remonte sur scène. La dernière fois, mauvais souvenir, la tournée s'était interrompue brusquement. Epuisée, Vanessa Paradis. Mais c'était il y a huit ans. Depuis, la jeune mère de famille s'est ressourcée auprès d'un des meilleurs partis d'Hollywood. A ses côtés, elle a mené à terme son quatrième album, reflet hybride de son état actuel de félicité. Accompagnée par un casting de musiciens «néovelvetiens» s'équilibrant bien dans les nuances mates, Vanessa Paradis interprète une partie de Bliss dans un spectacle dirigé par le pianiste d'Elvis Costello et d'Alain Chamfort, Steve Nieve. A elle maintenant de ramener les bords d'un répertoire composé de figures aussi éloignées que celles d'Etienne Roda-Gil (Joe le taxi), Lenny Kravitz, Lou Reed, Alain Bashung, Jacques Dutronc, Franck Monnet, Matthieu Chédid ou Serge Gainsbourg... Plus de dix ans après ses éclats de lolycéenne, elle reprend de ce grand-père mal rasé les chansons qu'il lui concocta, Tandem, Dis-lui toi que je t'aime, mais également quelques standards suaves comme l'Eau à la bouche. Vanessa Paradis ne craint pas d'exposer sa délicieuse enveloppe sous les lumières d'Andi Watson (Radiohead). Elle connaît ses atouts, un charisme cool, un timbre de voix qu'elle emploie malheureusement trop peu dans le registre aigu. Cristalline, cette approche de la pureté semble encore l'intimider.
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