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Libération
Critique

Claude Debussy

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publié le 24 mars 2001 à 0h12

C'est en 1994 que la plus discrète des grandes dames du piano français a fondé l'Ensemble Ader, qui porte son nom et à qui l'on doit, en plus de souvenirs de performances intenses et immaculées, un enregistrement d'anthologie du Concert, de Chausson, prenant l'auditeur en otage de ses sortilèges somptueusement délétères, avec la même profondeur que les Quatuors de Fauré, publiés par le Quatuor Ysaÿe chez Decca. Certains connaissaient les enregistrements Schubert, Messiaen (les Vingt Regards sur l'Enfant Jésus chez Adda), Nunes, Brahms ou Debussy (les Images et Estampes chez Erato) de cette interprète rare. Depuis la publication du Livre I des Préludes de Debussy, qu'elle enregistra pour Pianovox il y a deux ans, plus personne n'ignore qu'il s'agit d'une musicienne capitale, audacieuse et engagée, scrupuleuse et visionnaire. Comme on pourra encore le vérifier le 23 avril au théâtre des Bouffes-du-Nord, où elle donne en plus de ce Debussy les Tableaux d'une exposition, de Moussorgski. En attendant, on peut acheter les yeux fermés l'enregistrement du Livre II des Préludes qu'elle vient de livrer, toujours chez Pianovox. Si on a aimé la transparence ouatée, la subtilité de couleurs en perpétuel dégradé, la façon de sculpter le temps qui distinguaient sa gravure du Livre I, dont tant de versions de référence existent déjà, on sera plus que convaincu par la façon très «contemporaine», c'est à dire plus littéralement pointilliste, voire analytique, que banalement «impressionniste»,