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Interview

Décrire l'obscénité de l'humanité au risque de choquer

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Tomi Ungerer Dessinateur et ambassadeur du Conseil de l'Europe pour l'enfance, il donne ses idées sur l'éducation sans pour autant renoncer à la provocation.
publié le 24 mars 2001 à 0h12

J'ai toujours envie de recommencer tous mes dessins. J'aime un peu mieux ce que j'écris, mais les rétrospectives de mon oeuvre me mettent très mal à l'aise...

Est-ce parce que vous êtes attaqué pour misogynie?

Non, ça c'était autrefois lorsque les féministes se prenaient encore au sérieux. Pourtant, j'ai été l'un des premiers hommes à rejoindre le mouvement féministe à New York, avec Gloria Steinem.

Comment expliquez-vous alors que des pièces de vos expositions aient été saccagées?

C'était à Londres et Munich en 1969, lors de l'exposition que l'on a pu voir aussi au musée des Arts décoratifs au Louvre. A Londres, un commando de féministes a utilisé des sprays pour saboter des oeuvres. On a dû fermer la moitié de l'exposition, les livres, qui étaient importés d'Allemagne, ont été confisqués. J'ai été mis à la porte de l'Angleterre, je suis grillé là-bas, comme aux Etats-Unis. Uniquement à cause de mes dessins. A Munich, les féministes ont enveloppé mes sculptures dans du papier toilette. Je dois reconnaître que j'ai fait des dessins de femmes pas très flatteurs... Comme dans le livre sur les bordels de Hambourg, SM, sorti l'an dernier en France. Je comprends que certains n'en veulent pas chez eux aujourd'hui encore. Moi même, je n'aimerais pas qu'un enfant de 12-13 ans tombe là-dessus.

Vous êtes encore mal vu aux Etats-Unis?

Au point que même mes livres pour enfants n'y sont plus publiés! Il y a sept ans, aux Etats-Unis, mes albums jeunesse étaient interdits dans les bibliothèques