Beau dimanche Raoul Walsh à la Cinémathèque, avec Une femme dangereuse suivi de l'Entraîneuse fatale. Deux titres français plus faux encore qu'à l'ordinaire, puisqu'on trouve dans They Drive By Night et Manpower tout sauf la misogynie qu'ils impliquent. Si la «femme dangereuse» jouée par Ida Lupino fait pièce rapportée, c'est qu'elle l'est réellement : les deux scénaristes Wald et Macaulay ont greffé l'intrigue d'un film de 1935, Border Town, dans lequel Bette Davis, mariée à l'accaparant Gene Pallette, court après Paul Muni. Ici, Lupino, anorexique et grandement aussi hystérique que Davis, est mariée au bonnasse Alan Hale. La scène éprouvante de la crise de nerfs au tribunal vaudra à l'actrice un contrat de sept ans avec Warner, mais il faut surtout voir comment Walsh filme Ann Sheridan et Ida Lupino, en donnant à chacune leur humanité. Pour se faire une idée de ce que le film, déjà pas mal, aurait pu être, on peut lire le roman original de Bezzerides, la Longue Route, qui vient de paraître chez Gallimard. L'humour charnel est dans le film, mais pas la noirceur incroyable de la fin du roman, qui emmène tout le monde dans le décor. C'est tout de même le meilleur rôle de George Raft, bien aussi en poseur de lignes électriques, ami et rival d'Edward G. Robinson dans Manpower. Si Marlène Dietrich n'est pas exactement l'«entraîneuse fatale», elle est évidemment absurde et merveilleuse avec ses hauts talons dans la bouillasse des chantiers. Double dose de faux réalisme Warner, ma
Critique
Raoul Walsh, un oeil sur les femmes
Article réservé aux abonnés
par Philippe Garnier
publié le 24 mars 2001 à 0h12
Dans la même rubrique