Quand Paolo Gioli prend une photo, il bouge, son modèle bouge, la pellicule (tournée lentement à la manivelle) bouge. Résultat: des images de visages en mouvement, parasitées par des élément fixes insérés dans l'appareil, feuilles d'arbres, insectes, poils de pubis, négatifs de mains... Une technique inspirée du «photo-finish» utilisé sur les champs de course pour départager les tiercés gagnants. Et qui, poussée à bout chez Gioli, produit une machine à voir dans laquelle est entraîné le spectateur. Comme si les images étaient déjà engagées dans le processus cérébral qui fait qu'on s'en souviendra, qu'on les confondra et qu'on en rêvera peut-être.
Le photographe et cinéaste italien né en 1942 ne cesse d'expérimenter. Obsédé par l'origine de la photographie, il a réutilisé des procédés anciens, comme le sténopé prises de vue à travers un petit trou, faisant office d'objectif. Coquillage percé, poing presque fermé, bouton d'imperméable se sont trouvés ainsi promus au rang d'appareil photographique. Avec toujours ce désir de «voir à travers». Toutes les photos de visages exposées à la galerie Michèle Chomette sont d'ailleurs intitulées sur le même mode: «Volto a traverso... codice a barre, tela di ragno, sprirale, rittratto di Leonardo...»; en VF: «Visage à travers... un code-barre, une toile d'araignée, une spirale, un portrait de Leonardo (de Vinci).» On y voit aussi une tête en cage derrière un circuit électronique, un visage penché à la Kafka, un autre saisi (d'effroi?), ma