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Libération
Critique

Sottsass sensass

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publié le 30 mars 2001 à 0h15

Plusieurs paires de photos en noir et blanc nous regardent: plantées sur une colline désertique ou sur fond de crique, deux chaises interrogent: «Veux-tu t'asseoir à l'ombre ou au soleil?» Ou «Veux-tu regarder le mur ou la vallée?» Dans une prairie, deux lits surenchérissent: «Veux-tu dormir... ou veux-tu un lit?» A travers 43 photographies d'Ettore Sottsass, la galerie kreo n'expose pas une discipline de plus qu'aurait abordée le prolifique maître italien dans les années 70, dont on aime le Regard nomade (1). Ni hymne à la nature qui serait perdue, ni théâtralisation esthétique du design ou de l'architecture, Sottsass métaphorise ici la fonction des objets. Le choix serait ainsi donné à l'homme, assis entre deux chaises, de se repositionner socialement et oniriquement dans le monde. Les textes ne légendent jamais les images, mais sont les indispensables bulles d'un roman-photo fantastique, peuplé de fiancées, de portes, de murs, d'insectes, de planètes, d'ombre et de lumière, et de contradictions. Des installations et des empilements où se dessine aussi la ligne de certains meubles du designer. «Projet de télévisions pour papillons de nuit, Escalier pour accéder au pouvoir, Ma fiancée salue l'architecte, C'est souvent dans une chambre que se décident les assassins, Design de l'horrible message de l'homme aux autres planètes»... Ce cadavre exquis du design, cette mise en dérision de la fonctionnalité et du pouvoir donne du sens au non-sens et mène irrésistiblement à un «desi