Ce qui manque le plus aux jeux vidéo, c'est la recherche fondamentale. Et d'abord la recherche réflexive, par laquelle s'acquièrent la connaissance de soi et la prise de conscience qui va avec. Car le jeu vidéo est innocent, étourdi, inculte. Enfant surdoué qui ignore son propre génie, il ne grandit que par un seul bout, celui du «progrès», de la surenchère techno, du toujours mieux et du encore plus. Il ne connaît de croissance que quantitative et oublie de s'intéresser à ce qui le fonde. En omettant ainsi de réfléchir à sa nature même, en laissant le marché décider de son sort, en se soumettant à de stricts impératifs commerciaux qui le confinent dans l'image superficielle d'une industrie de loisirs écervelée, le jeu vidéo s'interdit d'accéder à une certaine autonomie culturelle, remettant toujours à plus loin et à plus tard l'horizon de sa maturité.
Certes, l'immaturité propre au jeu vidéo fait aussi partie de ses charmes, mais celle-ci est en passe de devenir une feinte commerciale.
Pour peu qu'on le regarde en face, le monde des jeux vidéo est pourtant cerné de grands mystères philosophiques et il n'y a qu'à se baisser pour ramasser le plus important d'entre eux, qui est aussi la question la plus immédiate pour tout joueur: le temps. Le temps, c'est l'acteur numéro un du jeu. Mais c'est aussi l'ennemi numéro un du joueur, en même temps que son meilleur allié. Le jeu vidéo est lui-même un dévoreur de temps, qu'il abolit souvent de la plus stupéfiante façon, comme par exemp