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Libération
Critique

«C'est Denis qui m'a fait beau», dit Juliette

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publié le 6 avril 2001 à 0h25

Le maire fraîchement élu fait l'éloge du grand âge et de ses rides. «C'est Denis qui m'a fait beau», réplique Juliette. Voilà maintenant près de quinze ans que dure cette histoire d'amour entre Juliette Onillon, 94 ans, et son petit neveu, le photographe Denis Dailleux. A Valanjou, au début du mois, le vernissage a pris un petit air de noce. Les cousins et les neveux s'étaient déplacés et le côteaux-du-layon a fait son oeuvre. On y parla du printemps qui se fait attendre,

du petit dernier de la voisine, de la fièvre aphteuse

et surtout de la Juliette. «Une grand-mère pas baisante, glissa un parent proche. Quand j'étais petit, j'avais drôlement peur d'elle.» Mais la «mère Onillon» se fout pas mal de ce qu'on peut penser d'elle et, ce soir, elle bichait, même si elle tentait de jouer les indifférentes.

Au fil des années, elle s'est bâti une solide réputation en envoyant sur les roses le voisin aussi bien que le curé. Mais à Denis, elle a confié sans réticence sa «tronche» ridée et il a su en faire bon usage. Il l'a fait poser dans les bottes de foin, quand les gars rigolaient dans les champs voisins, il l'a coiffée d'un tournesol, il a dénoué son chignon, il lui a fait fumer une cigarette, il l'a enveloppée tout entière dans une feuille d'alocasia. La Juliette aime bien le résultat. Sauf peut-être la photo où elle a vraiment «l'air mauvais» avec son oeil perçant enchâssé dans un carré de lumière. L'exposition «Ma grand-tante» ne sera restée que deux jours à la mairie. Ensuite,ell