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Libération
Critique

Dernier printemps

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publié le 7 avril 2001 à 0h25

Ce sont les photos du dernier printemps de Johan Van der Keuken, mort en janvier 2001. Un printemps espagnol, dont douze images, inédites, sont exposées à la galerie Agathe Gaillard. Le Néerlandais, malade d'un cancer, aura ainsi continué jusqu'au bout à pratiquer dans un même mouvement la photographie et le cinéma.

L'Espagne de Van der Keuken est faite de douceur: on y voit une ménagère à fichu chargée de seaux de linge, dont les pensées dérivent au bord d'un ruisseau. Faite également de la «violence du réel»: le photographe a saisi en trois images le cri d'une femme lors d'une cérémonie religieuse. Yeux ouverts, yeux fermés, on ne sait pas ce qui se passe. Derrière elle, un homme à lunettes noires n'a pas bronché. Ce «cri», cette violence muette, renverrait à un autre cri, celui d'un tableau de Francis Bacon.

Les autres photos accrochées au 3, rue du Pont- Louis-Philippe et dans une exposition parallèle de la Fnac permettent de suivre 46 ans de travail derrière l'objectif. Des images qui ont parfois un air de famille un peu lointain. Ici, un couple danse dans la rue lors d'un 14 Juillet parisien, très Doisneau. La femme a les lèvres minces et maquillées et tout en virevoltant, tient fermement son sac sous le coude. Là, un chat du Père-Lachaise vaque à ses activités de chat parmi les lits de fer des tombes. A New York, un passant, habillé en drapeau américain, est saisi sur fond de couleurs primaires, celles des rideaux métalliques de la 42e Rue. Ici encore, le visage d'une j