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Libération

Drôme : Une deuxième vie de châteaux

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publié le 7 avril 2001 à 0h25

La vie de château n'est plus ce qu'elle était. Madame de Sévigné s'en inquiétait déjà. «Votre terrasse est-elle raccommodée? N'y a-t-il point de balustres à vos balcons?», demandait-elle à madame de Grignan, sa fille (1). De nos jours, le château de Grignan est certes raccommodé, terrasse et balcon compris, et même perron et escaliers. Seulement voilà, plus personne n'y rédige sa correspondance malgré la présence, dans les appartements de la marquise, d'une écritoire de fort délicate tournure. Les visiteurs défilent en rangs serrés de salons en chambres à coucher, évitant les cuisines et les communs. La guide est avenante et son érudition suffisante pour la curiosité courante. On aura beau faire, les châteaux de la Drôme provençale n'ont ni le lustre ni l'éclat de ceux de la Loire, ni le charme évanoui de celui de Combourg qui faisait les délices de Chateaubriand.

Charme pierreux. Grignan, Suze-la-Rousse et Montélimar, chacune dotée de son château, sont trois cités drômoises dont les édiles ont fini par se dire qu'un peu d'animation ne saurait nuire à leur charme pierreux. Le souci d'améliorer l'ordinaire n'est pas d'aujourd'hui puisque la marquise narrait à son cousin la précellence de la chère disposée sur la table de ses fille et gendre: «Si nous voulions, par quelque bizarre fantaisie, trouver un mauvais melon, nous serions obligés de le faire venir de Paris, il ne s'en trouve point ici.» (2) L'hostellerie et la restauration locales ont pris le relais des exigences aristo