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Libération
Critique

Rachmaninov

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publié le 7 avril 2001 à 0h25

Dans un monde de jeux vidéos, scandales politiques et potins show-biz, on n'a pas été surpris de voir la presse magazine consacrer plusieurs pages en couleurs aux loups, qu'Hélène Grimaud élève au nord de New York. Cela n'enlève rien à ses qualités pianistiques. Sur la pochette, le bleu farouche et grave du regard attire comme un feu. L'élève de Pierre Barbizet et Jacques Rouvier, pour sembler l'incarnation du romantisme schumannien, creuse en fait depuis des années un style analytique, recherche du rythme premier qui commande tout, phrasé, couleurs et plasticité sonore. Ce qui explique qu'en musique de chambre, elle ait rapidement joué avec des maîtres en passion comme Martha Argerich et Gidon Kremer. Sa révélation au grand public, ce fut un live du Concerto N°1 de Brahms daté du 21 octobre 1997 et publié par Erato. Un chef-d'oeuvre qui entre les doigts d'Hélène Grimaud exultait, comme en proie à une fièvre inédite. Voir ensuite à Pleyel, Hélène Grimaud préparer à la révélation des couleurs, contrôler une imagination et une expressivité bouillonnante, sans se départir de sa noblesse naturelle, fut un choc. A mille lieues de tout sentimentalisme, elle transformait ce concerto en expédition en terre inconnue, à coup d'attaques et accents imprévisibles au fond du clavier, d'excès de pédale et de rubato au bord de casser. Le miracle vient de se reproduire, avec un Concerto N°2 de Rachmaninov aussi définitif. Vladimir Askenazy ­ dont ce fût l'un des tubes en tant que soliste ­ e