Si le ballet classique est toujours «traité» dans les pièces de Robyn Orlin, ce n'est pas pour le ridiculiser, ni pour le pasticher. C'est pour rappeler qu'il est «une importation coloniale qui a toujours été soutenue durant l'apartheid par le gouvernement blanc nationaliste». Une situation qui n'a pas changé et contre laquelle la chorégraphe sud-africaine s'insurge. Sa scène est une tribune contre le prétendu bon goût. Elle oppose, avec sa compagnie mixte (blanche et noire, hommes et femmes, maigres et gros), un kitsch logé dans des petites robes à fleurs, un montage par collage qui éclate toute narration, une certaine décadence qui s'empare des corps. Dans Daddy, I've seen this piece six times before and I still don't know why they're hurting each other... (Papa, j'ai déjà vu cette pièce six fois et je ne sais toujours pas pourquoi ils se font mal...), l'actualité est commentée en direct, la danse n'exclut aucun de ses styles, contre le style justement, la griffe personnelle. Le regard du spectateur peut se poser sur la scène, mais aussi sur des écrans vidéo, «comme à la télé». Quant aux acteurs et danseurs, ils circulent, de la scène à la salle. Ici, aucune chasse n'est gardée. La danse politique et non sans violence de Robyn Orlin sait aussi être drôle. Et, comme elle n'est pas à un paradoxe près, elle crée aussi Rock my tutu, pour le Ballet de Nancy (du 9 au 11 mai, à l'Opéra de Nancy).
Théâtre de la Ville. 2, place du Châtelet, 75 004. Jusqu'au 21/4 à 21 h. Tél.: 01 42