Mamie, tu es peut-être d'une génération condamnée à n'être jamais dans la bonne case. Tout le monde sait qui est George Michael, mais c'est ton idole Franck Michael, inconnu des médias alors qu'il remplit cinq jours durant l'Olympia, qui survolte la permanente bleutée. Jadis, tu passais tes jours devant une télé qui ne s'adressait qu'aux ménagères de moins de 50 ans et te voilà à peine passée au Web qu'il n'y en a que pour les «seniornautes». Ces hommes de 53 ans d'un niveau bac gagneraient 15 000 francs par mois, seraient propriétaires de leur logement, d'une voiture, d'un lecteur DVD et d'un graveur de CD et connectés à haut débit dans une ville moyenne de province (1). Or, dans ton village sans bureau de poste, tu alignes tes 70 piges perfusées au minimum vieillesse et ton seul bac, c'est celui dans lequel tu as décroché ton CAP de lavandière. Et je passe sur ta caisse bricolée avec des roues de landau pour transporter le fumier des poireaux comme sur ton matos hi-tech! Sauf erreur, le seul truc que tu auras fait graver de ta vie, c'est la pierre tombale de Papy. Si tu n'avais pas gagné ton ordinateur à la tombola de la quinzaine commerciale, tu incarnerais à toi seule la fracture numérique... et sans jeu de mots avec ton col du fémur! Je crains, Mamie, que ce portrait du seniornaute ne te repousse à nouveau dans le réel. Ces nouveaux internautes, ce sont les soixante-huitards vieillissants et abondants. Bientôt, sous la pression commerciale, il n'y en aura plus que pour
La dictature des seniornautes.
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par Francis MIZIO
publié le 13 avril 2001 à 0h28
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