Pour parapher une feuille d'impôt, un contrat de travail ou une reconnaissance de dette, prière de ne choisir que Pentel. Ou Bic. Et un modèle de luxe, s'il vous plaît, agréé par le gouvernement et facturé 150 francs par an, au minimum. Ridicule? La version en ligne de la signature, appelée «signature électronique» et valable en France depuis la semaine dernière ressemble à ça: une manip' juridique pour rendre payant un acte quotidien quasi gratuit jusque-là.
Depuis quelques centaines d'années, signer était un acte naturel. Un stylo le sien, celui du voisin, mordillé ou baveur), un signe cabalistique mis au point vers 12 ans et c'est parti. Certains inconscients utilisent le même stylo pour écrire une bafouille à leurs amis, quelques mots d'amour, voire dessiner sur une nappe. A 1,70 franc en moyenne les 3 ou 4 kilomètres d'encre, ce serait dommage de se priver.
C'est là que le législateur, soucieux de débusquer des gisements d'emplois et de valeur ajoutée intervient: la «signature électronique» (de fait, une sorte de tatouage logiciel sur un e-mail) ne sera équivalente devant un tribunal à la bonne vieille griffe sur cellulose que sé-cu-ri-sée. Autrement dit: la loi impose de passer par un «prestataire de service de certification» (une entreprise) qui facture ses services et fournira un équivalent numérique des stylos, encres et tampons bien comme il faut.
Tant pis si des logiciels permettant de signer pour pas un rond existent (1). L'Union européenne, via une directive, et la