Moustache poivre et sel, léger embonpoint, mèches clairsemées: les modes passent mais Louis Chedid reste fidèle à lui-même. Ainsi soit-il, il attendait juste que son tour revienne après le faible écho de son précédent album Répondez-moi. Durant ces quatre années qui le séparaient d'un nouvel objet débordant de sérénité, le chanteur est monté une petite centaine de fois sur scène, s'est séparé de son ancienne maison de disques puis, sans contrat à la clé, a écrit dans un état de légèreté qui lui rappelait ses débuts.
Le père, le fils... Absent tout ce temps, pourtant, on entendait parler de lui par personne interposée. Durant ces quatre années, la place était à Matthieu, le rejeton. En deux albums qui ont frappé vite et fort dans des salles combles, le renommé M revisitait funky l'héritage stylistique paternel, si l'on se rappelle ces chansons des années 70, joyeusement moralistes sous un vernis dérisoire. D'un point de vue promotionnel, l'idéal était de réunir ces deux grands enfants, dont l'aîné chante De l'amour dans l'air et le cadet Je dis aime. «Quand il a démarré, tout le monde lui parlait de moi; maintenant, tout le monde me parle de lui. C'est formidable mais il aurait pris sa place de toute façon. Sa drôle de coiffure, son déguisement de superhéros, il fallait y croire. Moi, je ne comprenais pas pourquoi il faisait tout cela, peut-être parce que je le trouve très beau en vrai.» Les portraits croisés ont donné du grain à moudre aux rédactions. Quand le filon s'épuisai