On ne répétera jamais assez à quel point Daniel Buren a une extraordinaire vision de l'espace. Il en fait ici une magistrale démonstration avec L'espace d'un instant, spécialement réalisé pour la galerie Marian Goodman. Fidèle à sa capacité de modifier totalement les lieux où il intervient, ici, Buren a eu la lumineuse idée de révéler la verrière de la galerie habituellement masquée par un faux plafond. Il a ensuite appliqué sur ses vitres des films transparents de couleurs bleu, jaune, rose. Puis il a disposé parterre, à chaque coin de la salle, quatre grands miroirs inclinés.
Au final chacun d'entre eux reflète une partie de la verrière et, selon la position qu'on adopte, les autres miroirs reflètent eux-mêmes la verrière. Vertige et mise en abîme garantis. A chacun de nos pas à l'intérieur de ce carré magique de miroirs, on découvre ainsi une variation infinie de points de vue et de combinaisons aléatoires qui morcellent et décomposent la verrière en un kaléidoscope explosé. Quand en plus le soleil se met de la partie, projetant ainsi les couleurs sur les murs ou le sol (option vitrail), les jeux se multiplient et font alors apparaître une subtile réflexion sur la matière de la couleur, récurrente dans le travail de l'artiste depuis ses débuts. Lumière, matière, couleur, ludisme, animation de l'espace, participation active du spectateur, réussite plastique... tout y est. Et l'ensemble est brillant et lumineux, évidemment.
Galerie Marian Goodman. 79, rue du Temple, 75003. Ju