Ségur-les-Villas (Cantal) envoyé spécial
Singulièrement, certaines lectures marquent davantage que d'autres. La Rivière du sixième jour, le roman de Norman Maclean, peut produire ce genre d'effet, et pas seulement sur Robert Redford. La majesté sauvage des forêts du Montana, les embruns argentés de l'indomptable Blackfoot River, l'art subtil de la pêche à la mouche... Tout cela avait largement de quoi exciter la curiosité d'un citadin confit dans les gaz d'échappement. Mais la curiosité passa carrément au stade de l'obsession grâce à un autre roman : la Vie selon Gus Orviston de David James Duncan. Les aventures hédonistes de ce jeune pêcheur prodige de l'Oregon, pour qui la pêche est non seulement l'unique moyen d'expression mais aussi le résumé parfait d'une liberté retrouvée, suscitait chez le citadin un irrépressible désir de tenter sa chance.
Allure. Mais le Montana, c'est loin. Et, avant d'aller défier les rapides de la Blackfoot pour capturer les puissantes steelheads, un galop d'essai s'imposait. Renseignements pris, le Cantal se prêtait admirablement à la répétition. «Paysages magnifiques, plus de quatre mille kilomètres de cours d'eau, véritable paradis des moucheurs», affirmait la brochure d'une école de pêche qui proposait une initiation d'un week-end.
Substituer le coeur de l'Auvergne aux luxuriantes con trées de l'Ouest américain peut sembler un postulat audacieux. Pourtant, les immenses étendues d'herbages d'où émergent les burons, ces antiques fromageries, les b