Un nouveau cycle de tensions, économiques mais aussi symboliques, semble étreindre la planète instable du jeu vidéo, dont la géologie est particulièrement sujette aux tremblements de terre. Le dernier en date (Libération des 25 et 26 janvier) fut l'annonce faite par Sega que la fabrication de sa console Dreamcast était arrêtée et depuis, amère victoire, la cote affective de ce petit bijou non rentable ne cesse de grimper. On n'a sans doute pas fini d'observer les secousses et répliques de ce séisme qui est venu jeter le trouble au moment même où l'on croyait voir le paysage se réorganiser sous la forme inattendue d'un duel entre Sony et sa PlayStation 2 d'une part, Microsoft et sa X-box de l'autre.
En annonçant également que la compagnie allait continuer à développer des jeux pour les consoles du marché, et notamment pour son ex-concurrent mortel Sony, Sega a accru la très forte pression qui accompagne la gestation de la X-box avant son lancement américain cet automne. Car, si l'on sait que la firme de Seattle, pressée par de colossaux enjeux financiers, drague les développeurs du monde entier à coups de millions de dollars et avec un certain succès, on sait aussi que la X-box laisse encore largement sceptique la forteresse japonaise, qui est tout de même à la fois le berceau et le premier marché des jeux vidéo au monde: le pénétrer est un objectif crucial pour Microsoft. Jugée grosse et moche sur l'archipel, la X-box souffre aussi d'être perçue là-bas comme un lourd tank P