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Libération

Vous prendrez bien un petit vers ?

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Le slam sort la poésie des librairies pour la confronter à la scène, à la rue ou même au langage numérique.
publié le 28 avril 2001 à 0h36
(mis à jour le 28 avril 2001 à 0h36)

Ménilmontant, 22 heures. Tandis que la France s'endort devant son poste de télévision, quel ques noctambules se réunissent aux Lucioles, bar situé au 102 du boulevard de Ménilmontant. Les habitués commencent à se répartir autour d'une scène improvisée dans un coin du bar. Le premier orateur, la trentaine, tignasse rasta et look street, s'empare du micro. Pilote le Hot balance son premier texte: «Je pulse mes vibs en tirs groupés/ Je suis l'animal urbain/ Je me fous du train-train/ Le destin commun c'est pas le mien.» La soirée peut commencer. Un jeune novice, Hocine, lève la main pour lui succéder, et récite fébrilement son premier poème, En vers et contre tous: «Je suis un "réfugié poétique"/ Qui n'a pour seuls papiers/ Que les feuilles de ses cahiers.» L'auditoire hésite, finit par applaudir. Hocine peut aller savourer sa victoire autour d'une bière, suivant la règle du slam parisien: un poème lu = un verre offert. Retour à la tradition selon laquelle, autrefois, les diseurs de poèmes se payaient leurs absinthes à coups de quatrains.

Joutes oratoires. La traduction littérale du slam serait «claquer» ou plutôt «balancer». Mais pour bien comprendre il faut revenir aux racines afro-américaines du mouvement et aux mythiques joutes oratoires organisées par Marc Smith au bar Green Mill de Chicago en 1987, où les poètes s'affrontaient dans des slamming sessions se terminant parfois en match de boxe. Le mouvement gagnera ensuite New York et le Nuyotican Poets Café