Une fée a enlevé le bel Arlequin dont elle s'est prise de passion en le voyant dormir dans un sous-bois. Mais le garçon a peu d'esprit et les leçons particulières prodiguées au palais de la magicienne resteront sans effet. Jusqu'à ce que le sot rencontre Silvia, une jeune bergère, dont l'amour le rendra intelligent... Arlequin poli par l'amour, de Marivaux, a la fraîcheur d'un conte facétieux et charmant. Davantage rompu aux textes contemporains, le metteur en scène Jean-Michel Rabeux (avec Sylvie Reteuna) s'en donne ici à coeur joie. D'emblée, il place la pièce dans une forme de cabaret polisson aux relents macabres où il fait assaut d'inventions, en dédoublant le rôle de Trivelin, par exemple, ou en distribuant les moutons. Il a su choisir pour y répondre des acteurs pleins de ressources. Le frétillant Arlequin (Franco Sénica) se souvient des sources italiennes auxquelles Marivaux a largement puisé ; Kate France prête à la fée fiancée de Merlin une sensualité toute british, et Anne Rotger campe une petite bergère pleine de caractère. Les costumes et la scénographie contribuent à animer l'ensemble d'un caractère ludique. Rabeux a évité l'écueil du marivaudage, mais pas celui de la séduction. Les ajouts opèrent avec plus ou moins de bonheur : l'épilogue chanté est aussi inutile que le prologue était magique. A force d'effets, le spectacle reste au seuil du divertissement qui, chez Marivaux, revêt une inquiétude philosophique. Sous l'apparente naïveté d'une comédie pastorale,
Critique
Un Arlequin polisson
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par Maïa BOUTEILLET
publié le 7 mai 2001 à 0h48
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