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Libération
Critique

Comme un air de panique

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publié le 8 mai 2001 à 0h48

Les trois fils, les trois belles-filles, un ami de la famille et le patriarche dans le rôle du narrateur: sur la scène de la petite salle de Bobigny, c'est le carton plein de la famille Jodorowsky. L'affiche du spectacle Opéra Panique (1) amplifie encore cette dimension familiale en y intégrant petits-enfants et animal domestique. Collaborateur du mime Marceau, fondateur (avec Topor et Arrabal) du mouvement Panique, inventeur de happenings néosurréalistes, metteur en scène de théâtre, cinéaste, romancier, amateur de tarot et de sciences occultes, scénariste de bandes dessinées, Alejandro Jodorowsky mène sur plusieurs fronts une vie bien remplie, où l'excès et la provocation ont tenu une place importante. Son retour au théâtre s'effectue pourtant sur le mode de la sobriété. De noir vêtue (baptême, mariage ou enterrement?), la famille réunie se lance, sans décor ni accessoire, dans un numéro de théâtre absurde, qui oscille entre nonsense britannique et humour juif, cabaret argentin et BD ésotérique. Où l'on retrouve, en une succession de saynètes, une série de personnages emblématiques (l'optimiste et le pessimiste, les deux pessimistes, les deux optimistes...) engagés dans des joutes verbales souvent jubilatoires, même si de niveau philosophique inégal. Plus qu'un spectacle, c'est une suite d'intermèdes souriants où, paradoxalement, l'on n'apprendra rien des secrets de la famille Jodorowsky, mais où l'on se laissera aller au charme de l'insolite et de l'inclassable.

Bobigny 93