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Libération
Critique

Batata, pur Colombie

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publié le 23 mai 2001 à 0h57

Le sang des Noirs marrons coule dans les veines de Paulino Salgado Valdez. Son village, San Basilio de Palenque, près de Carthagène, sur la côte atlantique de Colombie, fut dès le XVIIe siècle un refuge pour ces esclaves évadés des plantations. La tradition des tambours africains y est demeurée vivace. Dans les années 20, elle s'est enrichie de l'apport du son cubain, par l'intermédiaire d'ingénieurs venus de La Havane pour implanter la culture de la canne à sucre. Le résultat est le son palenquero, où le chant est seulement accompagné de percussions et d'une marimbula, basse primitive faite d'une caisse de bois où sont fixées des plaques de métal (en fait des lames de scie recyclées). Chanteur et tambourinaire, Paulino, surnommé Batata («patate douce»), a sillonné la planète avec le Ballet national de son pays, puis aux côtés de Toto la Momposina, la plus connue des chanteuses afro-colombiennes, qui lui doit ses chansons les plus célèbres (Negra Sombra, Pacantó).

A bientôt 74 ans, ce truculent arrière-grand-père entame une carrière en solo, accompagné de jeunes musiciens enthousiastes. A son répertoire figurent le son de sa terre, mais aussi la cumbia, le bullerengue et la frénétique champeta, cette adaptation colombienne de la rumba congolaise apparue dans les années 80 à Carthagène. Quant à son premier disque sous son nom, il devrait paraître avant la fin de l'année.

Suresnes (92). Salle Jean-Vilar, 19, place Stalingrad. Ce soir à 21 h. Tél. 01 46 97 98 10. Balajo. 9, rue d