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Libération
Critique

Angoisse rituelle

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publié le 28 mai 2001 à 1h01

Les cauchemars comme reflets de nos peurs inconscientes, les superstitions et les forces surnaturelles qui parfois agissent à la place des individus sont au coeur de Rondes de nuit. Sur le plateau chargé de meubles et d'objets anciens, d'étranges idoles de bois veillent comme des esprits hypnotiques. Les portes aussi sont nombreuses qui semblent ouvrir une circulation entre l'ailleurs et l'ici de la scène, le passé et le présent du théâtre. Ce projet particulier, conçu par le metteur en scène Bruno Meyssat comme «essai d'un théâtre des peurs de l'homme», prend appui sur des textes de James Frazer regroupés sous le titre le Rameau d'or. Peu de mots se logent dans cet espace trouble et fantasmatique où, à partir d'un minutieux travail d'improvisations, les six acteurs élaborent des correspondances par leurs gestes, des déplacements d'objets, des mouvements répétés. L'univers de Théâtres du Shaman, fondé par Bruno Meyssat à Lyon en 1981, se nourrit de ces dimensions archaïques et rituelles explorées par l'anthropologie, où le voir et le croire sont intimement liés. Les comédiens possèdent assurément la finesse requise pour se mouvoir dans ce théâtre de la mémoire. Pourtant, malgré l'énergie et l'engagement collectif, l'ensemble ne prend pas. On reste souvent extérieur à ce mystérieux ballet et on finit par s'y ennuyer. Il y a cependant des instants magiques où leurs interventions peuvent rejoindre des endroits de notre espace intime.

MC 93 de Bobigny. Jusqu'au 2/6, du mar. au sa