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Libération
Critique

Tous en selle

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publié le 11 juin 2001 à 1h12

La formidable nouvelle de Kleist Michaël Kolhass a souvent tenté les hommes de théâtre, André Engel par exemple. Arpad Schilling et son auteur, ami et complice, Itsvan Tasnadi, se sont rués dans cette histoire de chevaux et de voleurs, d'autorité et de révolte, l'histoire d'un homme qui dit non et dont les chevaux sont les héros. L'idée-force de leur adaptation théâtrale, c'est que les chevaux (joués par des acteurs) sont le pivot du spectacle. Lequel est donné entre deux gradins de spectateurs sur un chemin où l'on accède par une sorte de pont-levis. C'est par là que les chevaux à la fin partent pour l'abattoir. Et c'est ce même chemin que nous empruntons pour quitter la salle comme des chevaux fourbus. Sonnés que nous sommes par la force du spectacle, la violence animale du jeu. Après Baal (venu à Paris l'an passé), ce spectacle que Schilling a réalisé pour le compte du Théâtre Katona (et, en partie, avec la troupe du théâtre) nous permet d'appréhender plus avant l'art de ce jeune metteur en scène, l'un des plus radicaux de la scène est-européenne. Il sera au Festival d'Avignon avec Neext et, mieux encore, cet automne à la MC93, avec trois spectacles.

A Budapest, le spectacle portait un titre anglais Public Enemy (le clin d'oeil musical était clair), à Paris il s'appelle Ennemi public, en français dans le programme. Et il a perdu en cours de route son tonique sous-titre hongrois: «Provocation avec musique d'après la nouvelle de Henrich Von Kleist.» C'est exactement ça.

Théât