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Libération
Critique

Magique illusion

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publié le 12 juin 2001 à 1h13

Troupe légendaire, les Hollandais d'Orkater (compression d'«orchestre» et de «théâtre»), se sont fait connaître il y a une vingtaine d'années avec des productions aussi décapantes que vertigineuses (Regardez les hommes tomber, la Sainte Trinité) mais également au cinéma (la Robe, les Habitants). Après treize ans d'absence, ils donnent de leurs nouvelles à Bobigny. Avec une pièce dont la modestie (trois acteurs, six musiciens pour un oratorio chanté-parlé parfaitement linéaire) n'est pas le moindre charme. Intitulé Houdini ­ et sous-titré Rosabelle, aie foi en moi ­ le spectacle évoque la figure de l'illusionniste américain (1874-1926), de sa femme et de son frère. Et retrace à grands traits les derniers temps d'une existence placée sous le signe de la magie et de la disparition. Houdini était un obsédé de l'évasion, expert pour se hisser hors d'une malle cadenassée ou d'une camisole de force. Et il adorait s'évaporer sans crier gare. A la fin de sa vie, il se pencha de plus en plus sur la question de la communication avec l'au-delà. La seconde partie d'Houdini évoque d'ailleurs les tentatives de contact entre les proches survivants et le prestidigitateur mort. Mine de rien, sur un ton aussi souriant qu'accessible (ils font même l'effort de parler en français), Orkater pose des questions qui sont essentielles au théâtre (qu'est-ce que l'illusion? l'éphémère? la mémoire?) et que l'on peut aussi voir comme un travail d'introspection.

Bobigny (93). MC 93, 1, boulevard Lénine. Mét