Secrétaire perpétuelle de l'Académie des sciences, Nicole Le Douarin est l'une des pionnières de la biologie du développement. Cette science, qui s'efforce de découvrir comment une cellule l'oeuf fécondé génère un organisme complexe, apparaît aujourd'hui comme la pierre angulaire des recherches sur la thérapie cellulaire.
La thérapie cellulaire semble voler la vedette à la thérapie génique. Est-ce une vogue?
La thérapie génique qui a connu récemment un succès spectaculaire en France reste un espoir sérieux. Cependant, elle se révèle souvent plus difficile que prévu à mettre en oeuvre. On a imaginé qu'il serait simple d'utiliser des gènes à des fins thérapeutiques. Il apparaît qu'il y a loin entre l'identification du gène responsable d'une maladie et son traitement par greffe de gènes. Avec la thérapie cellulaire, la distance à parcourir est assurément plus courte. Une cellule souche a le pouvoir de réparer ou de reconstituer un tissu, on le sait. Cela se fait naturellement chez l'adulte: par exemple, il existe dans la moelle osseuse des cellules souches qui génèrent en permanence les cellules sanguines, du globule blanc au globule rouge. On utilise de longue date cette propriété naturelle en médecine: on soigne des leucémies avec des greffes de moelle osseuse. La thérapie cellulaire a donc déjà une histoire.
Or on découvre aujourd'hui que des cellules souches de l'adulte, qui sont telles les cellules de moelle osseuse semi-spécialisées («pluripotentes» dit-on, car e