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Libération
Critique

Billy Wilder joue de la corde sensible

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publié le 6 août 2001 à 0h20

A l'ombre des célébrissimes Vacances romaines et Drôle de frimousse, Ariane de Billy Wilder (Love in the Afternoon en VO) est le bijou secret des fans d'Audrey Hepburn, inaltérable, même après vingt visions. Comme souvent dans les premiers films de l'élégante brunette, le scénario est une variation contemporaine autour du conte de fées. Soit la métamorphose d'un vilain petit canard en cygne étincelant grâce à l'amour d'une très jeune fille pour un prince charmant qui pourrait être son père. Toujours encombrée de son violoncelle, Ariane étudie la musique dans l'appartement bohème de son cher papa, détective spécialisé dans les filatures extra-conjugales (Maurice Chevalier, irrésistible avec son so french accent); son fonds de commerce est largement alimenté par les frasques d'un milliardaire play-boy américain (l'immense Gary Cooper), dont va évidemment tomber amoureuse la fausse ingénue. Pour le séduire, une seule solution: se faire passer elle-même pour une femme fatale... Jamais Billy Wilder n'a été aussi proche du talent de son maître Ernst Lubitsch et de sa fameuse «touch», traitement sophistiqué de sujets aux sous-entendus très graveleux. Sa comédie romantique déborde de trouvailles narratives, comme cet orchestre tzigane interprétant Fascination, qui revient en leitmotiv à chaque opération-séduction de Gary Cooper. Surtout, les dialogues offrent la plus belle définition de la beauté si particulière d'Audrey Hepburn. Après être tombée dans ses bras, Ariane-Audrey demand